Avec la crise économique présente depuis quelques années, un taux de chômage de plus en plus élevé, de plus en plus de personnes voient la création d’entreprise comme une judicieuse échappatoire qui sera salutaire à leur statut précaire. C’est également une idée qui attire les jeunes diplômés et les personnes qui souhaitent se reconvertir dans un autre secteur d’activité. Mais, le frein commun à toutes ces personnes est l’apport de capital dans la création d’entreprise, car de nombreuses personnes ne disposent pas de fonds illimités. Dès lors, comment créer son entreprise sans aucun apport ?
Créer sa société

Si vous ne possédez pas les fonds nécessaires, le moyen le plus indiqué pour en obtenir reste de se tourner vers le prêt bancaire. Une entreprise sans apport limite les possibilités ; les activités à exercer sont limitées à la prestation de services : des services informatiques, de photographie, des services artistiques ou de consultance.

Une autre possibilité pour lancer son entreprise est de se tourner vers d’autres solutions parmi ces quelques moyens de création d’entreprise sans argent.
Quel type de société choisir
Pour créer une entreprise sans mise initiale, il faut tout d’abord rigoureusement choisir le type d’entreprise que l’on veut lancer. Est-il indiqué de devenir indépendant ? Vaut-il mieux passer par la case auto-entrepreneur ? Une entreprise individuelle protègera-t-elle mieux en cas d’accident ? Autant de questions types auxquelles il vous faudra répondre pour trouver la meilleure voie à suivre… Et le meilleur conseil qu’on puisse donner reste de choisir le modèle entrepreneurial qu’on souhaite, car, au final, même si ce n’est pas le mieux indiqué dans la situation, vous vous y sentirez mieux. Donc moins de stress et plus de confiance en soi !

Pour l’entreprise individuelle et l’auto-entrepreneur, les coûts de création sont très faibles. La création d’une entreprise individuelle est d’ailleurs toute simple (pour attirer un maximum de personnes). Elle est placée sous le régime fiscal de la micro-entreprise et bénéficie du régime micro social. Celui qui veut lancer son entreprise doit simplement l’immatriculer auprès de la chambre de commerce ou de l’industrie ou effectuer une déclaration à l’Urssaf s’il s’agit d’une activité libérale. L’auto-entrepreneur également ne doit pas disposer d’un capital social, ni payer de frais de constitution, ni encore payer de charges sociales (s’il n’y a pas de chiffre d’affaires). L’activité peut donc très facilement débuter sans apport initial.

Entreprendre sans fonds, c’est possible

Comme exprimé ci-dessus, créer une société implique le choix d’une structure juridique. Et, les statuts les plus utilisés n’impliquent aucun montant initial minimum.

Dans le cadre d’une micro-entreprise, d’une entreprise individuelle ou d’une entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), il ne faut aucun capital social de départ.

Si vous optez pour une entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL), une société à responsabilité limitée (SARL), une société par actions simplifiée (SAS) ou une société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU), vous aurez, vous même, le loisir de fixer le montant du capital social. Et ce, librement ! Néanmoins, de manière logique, si vous créez une société sans capitaux, il vous sera difficile d’investir dans du matériel pour vous développer.

Au final, seuls les statuts d’une société anonyme (SA) imposent à l’entrepreneur de verser un capital minimum de 37.000 €.

Trouver un partenaire
Si vous n’êtes pas en mesure d’apporter des fonds à votre future entreprise, il est toujours possible de trouver un associé qui en a. Ça peut être une solution ! Un associé est une personne qui reçoit une part du bénéfice en retour de son investissement financier dans la société. L’apport peut également être en nature si l’associé met, par exemple, une surface commerciale à disposition. Néanmoins, choisir un associé doit être un choix réfléchi et le choix de l’associé est crucial. Travailler et gérer à deux est diamétralement opposé au travail en solitaire et implique la gestion commune de l’entreprise et le partage des responsabilités.

Pour le reste, cette pratique offre l’avantage de la sécurité du patrimoine personnel même temps que ce partage des responsabilités. De plus, les idées de l’un peuvent enrichir les projets de l’autre et amener à de nouveaux débouchés : c’est la diversification des idées.

Comment augmenter son capital ?

A la lecture de ce qui précède, vous avez compris que la création sans argent est difficile. Donc, voici quelques solutions pour créer son entreprise sans apport, mais avec des capitaux.
Le prêt d’honneur

L’ ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique) octroie un prêt d’honneur aux personnes ne disposant pas de fond pour autofinancer la création de leur entreprise. Les avantages de ce type de prêt sont nombreux.

Vous n’aurez besoin ni de garantie ni de garants pour l’obtenir ! Et vous vous engagez sur l’honneur au remboursement du prêt. De plus, une fois que vous avez reçu un prêt d’honneur, les banques accepteront beaucoup facilement de vous accorder des emprunts. Il s’agit donc d’une réelle marque de confiance de la part de l’organisme. Cependant, au vu des avantages offerts, seuls les projets solides et dans l’intérêt de la région d’implantation ont une chance d’obtenir un prêt d’honneur.

Le Lovemoney
Le Lovemoney se définit comme une « épargne affective de proximité ». Il s’agit d’un concept né récemment et qui propose d’utiliser de l’argent provenant de la famille, d’amis ou de connaissances qui croient en votre projet. Les personnes ayant investi deviennent de facto des actionnaires, à l’instar d’un partenaire ou d’un associé. Il n’y a pas de montant défini, le Lovemoney peut aller de quelques centaines à quelques milliers d’euros.
Entre autres, grâce à l’apport de Lovemoney lors de la constitution du capital de l’entreprise, l’entrepreneur pourrait désormais montrer aux autres investisseurs qu’il a déjà su convaincre ses proches quant à la rentabilité de son projet. Par ailleurs, des associations regroupent ces investisseurs en Lovemoney et veillent aux intérêts de ces particuliers.
Par contre, les soutiens moral et financier de votre entourage ne vont pas suffire. Vous pourrez avoir besoin d’aide, de contacts, de compétences, etc. Dans ce cas, vous devez faire appel à des investisseurs professionnels.
Le Crowdfunding
Kickstarter, Wiseed, Anaxago sont autant de sociétés dont le public a déjà entendu parler. Il s’agit de plateformes de crowdfunding, traduit littéralement par « financement par la foule », et qui permet de financer un projet de création d’entreprise en utilisant internet comme canal de communication. Ce genre de site permet aux porteurs de projets de poster des annonces pour financer le lancement de leur entreprise (et pas uniquement) afin de trouver des personnes désireuses d’investir un financement.

Une fois les projets présentés, les épargnants peuvent choisir de les financer de manière plus ou moins importante en choisissant ceux qui les intéressent le plus et qui correspondent à leurs intérêts. Par conséquent, les fonds pour le financement du projet d’entreprise sont constitués d’un ensemble de petites sommes correspondant à autant de personnes, et donc d’actionnaires. Ce nouveau canal attire un public de plus en plus large et permet de financer des milliers de projets à travers le monde.

Le NACRE

Le NACRE est un dispositif de l’Etat français qui se veut le  » Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise ». Il permet aux personnes se lançant dans la création d’entreprise de bénéficier d’avances personnelles à taux zéro (sans intérêts), de 1.000 à 8.000 euros remboursables dans un délai maximum de cinq ans. De plus, le dispositif vise un large public dont les demandeurs d’emploi indemnisés ou non, les bénéficiaires de minima sociaux (RSA, API…), les personnes créant une entreprise au sein d’un quartier prioritaire ou les salariés repreneurs de leur entreprise. La demande d’octroi ne doit pas nécessairement être faite à la création, mais pendant une durée de trois ans suivant la création d’entreprise.

Cependant, le plan de financement ne peut pas dépasser 75.000 euros. Le NACRE ne peut être utilisé dans le cadre d’une reprise d’entreprise ou de projets collectifs. Et, pour finir, le NACRE doit être couplé à un prêt bancaire classique.

Les risques liés au manque d’apport

Le manque de crédibilité

Lorsque le capital est faible, une entreprise inspire la méfiance, car les gens se posent naturellement des questions quant à son financement. C’est surtout le cas pour les entreprises unipersonnelles et les entreprises aux statuts classiques. En effet, le montant du capital social représente la somme de ce que vous pouvez investir dans votre projet et la somme que vous êtes prêt à risquer pour ce projet. Peu d’argent signifie donc peu de confiance. C’est un indicateur fort qui peut s’avérer être un couperet dans les décisions de nombreux clients, fournisseurs et partenaires.

Le manque de capacité d’action

Si vous êtes créatif, manuel, avec une facilité d’apprentissage et que vous ne comptez pas vos heures, vous pourrez économiser de grosses sommes d’argent. Néanmoins, cela ne suffira pas et vous allez ressentir la nécessité de dépenser pour porter votre projet où vous le souhaitez. Les investissements sont inévitables (site internet, publicité, outils informatiques ou autres) ! Et à force d’avancer dans le projet, vous ressentirez votre incapacité à vous auto financer, ce qui vous empêchera de vous développer comme bon vous semble. Par exemple, votre entreprise ne pourra avancer les montants nécessaires pour lancer une offre ou recruter.

 La défaillance

Outre les points abordés, l’incapacité à se développer, à faire face à un problème ou à tirer profit d’une opportunité, étouffent l’entreprise. Parce que l’entreprise fonctionne en permanence avec des flux financiers tendus, sa capacité à survivre est fragilisée. Plusieurs études ont révélé et confirmé que le taux de survie des entreprises est directement corrélé au montant de l’apport. En d’autres termes, plus la mise de départ est faible, moins l’entreprise vit longtemps.

Ces derniers points prouvent que la pérennité de l’entreprise est liée au financement initial. Mieux vaut passer par les solutions proposées plus tôt dans cet article.

Les débuts de l’entreprise

Le premier client
Le client est la vraie source de financement d’une entreprise et peut la sauver si elle est en position critique. Ainsi, il est tout à fait possible de démarrer l’activité une fois que le premier contrat a été signé. Vous pouvez avoir recours à l’acompte ou à l’affacturage.

L’affacturage, c’est une méthode de financement et de recouvrement de créances. Une entreprise peut s’en servir en confiant à un établissement de crédit spécialisé (l’affactureur) la gestion de ses créances. Une entreprise qui opte pour cette méthode de financement, obtient des liquidités tout en se débarrassant de certaines tâches administratives et des frais qui y sont liés (frais postaux, frais de personnel, économie de temps, etc.)

Vendre des services

Les services sont un large domaine dans lequel on retrouve de nombreuses professions. Entre autres, la consultance.

La consultance implique une offre commerciale sans besoin de capitaux, de par son statut de prestation de services. L’activité peut également démarrer lors de la signature du premier contrat.
Pour bien débuter, il vous faut établir le prix de la prestation. Celle-ci ne doit être ni trop chère pour ne pas faire fuir le client, ni trop bon marché pour ne pas perdre toute sa crédibilité au projet. L’expérience, les services annexes sont autant de critères qui peuvent jouer sur le prix. Ensuite, il vous faudra construire un réseau et l’agrandir pour attirer toujours plus de clients, et générer plus de revenus.
Développer son réseau peut se faire par le biais de divers canaux de communication : à l’aide de ses contacts pour trouver des prospects, en cherchant par le biais d’internet, ou même le bouche à oreille. Il est tout à fait possible d’aller démarcher soi-même les entreprises potentiellement intéressées, et laisser sa carte de visite.

Il est également essentiel d’augmenter sa visibilité en se servant d’un blog, en utilisant les réseaux sociaux comme Facebook, Linkedin et Viadeo. Ces canaux sont les plus récents, mais rapportent potentiellement plus de clients !

En conclusion, depuis la SARL à 1 euro, l’auto entreprise, la crise, et maintenant la mode de l’entrepreneuriat, “tout le monde” veut créer son entreprise sans apport ! Si se lancer sans argent se révèle difficile dans bien des cas et peut même mener à la défaillance et à la méfiance, il existe des solutions pratiques qui vous permettront de surmonter les premiers écueils. Outre le NACRE dont il a été question, des aides sont versées par Pôle Emploi, des prêts d’honneur sont accordés et des particuliers peuvent eux aussi financer votre entreprise. Le plus important lorsqu’on lance une entreprise sans apport est d’avoir un business plan de qualité, des ressources et l’envie, car l’argent peut se trouver facilement par la suite.