Créer une entreprise représente un défi qui comporte sa part de risque. Parfois, un salarié insatisfait de ses conditions de travail peut envisager la création de sa propre entreprise mais hésiter en songeant à l’incertitude que cette aventure implique. Pourtant, les conditions permettent souvent de créer une entreprise quand on est salarié.

Des conditions favorables quand on est salarié

Vérifier les conditions pour créer une entreprise

Plusieurs mesures encouragent la création d’une entreprise pour un salarié. La chose est donc tout à fait réalisable dans la mesure où certaines conditions sont respectées. Le salarié doit vérifier son contrat de travail afin de s’assurer qu’il ne contient pas une clause d’exclusivité ou de non-concurrence qui le lie à son employeur. En pareil cas il sera tenu de démissionner à moins de s’entendre avec celui qui l’emploie pour que cette clause soit suspendue pour une période maximum d’un an. Le salarié membre d’un ordre professionnel ou de la fonction publique ne peut non plus être en même temps entrepreneur, ce qui serait considéré comme une double activité.

Un congé pour créer une entreprise

Si les conditions sont favorables, le salarié doit néanmoins aviser son employeur quant à ses intentions et l’assurer que l’entreprise qu’il veut créer ne nuit pas à ses intérêts. Il est même permis de solliciter un congé d’une durée pouvant s’étendre jusqu’à un an pour la création de l’entreprise. Il ne touchera pas de salaire de son employeur durant cette période. Il jouit tout de même d’une certaine sécurité puisqu’il peut reprendre son emploi si son projet échoue ou cesse de l’intéresser.

Une réduction du temps de travail pour le salarié

Il est aussi possible d’obtenir une réduction du temps de travail pour procéder à la création de l’entreprise. Le salarié touche toujours un salaire selon le nombre d’heures consacrées à son emploi. Pour avoir droit à ce congé, il doit avoir cumulé au moins 24 mois de travail pour son employeur.  Le salarié doit aviser son employeur deux mois à l’avance en précisant la nature de l’activité de l’entreprise qu’il veut fonder. Si toutes les conditions sont respectées, l’employeur est tenu d’accepter ou de reporter le congé.

Dans certains cas la création d’entreprise par le salarié entraîne même une diminution des cotisations sociales. Il peut être exonéré de sa contribution à l’assurance maladie, aux allocations familiales et à la retraite.

Choisir de créer une entreprise ou de demeurer salarié

S’entendre avec son employeur et créer une entreprise

A la fin du congé, le salarié est en mesure d’évaluer la viabilité de l’entreprise qu’il a créée. Il lui revient alors de faire un choix entre sa carrière de salarié et son entreprise. S’il se rend compte qu’il parvient à organiser son emploi du temps convenablement, il peut s’entendre avec son employeur pour garder son emploi à temps partiel tout en gérant son entreprise, toujours dans la mesure où celle-ci n’est pas en concurrence directe avec son employeur.

La domiciliation de l’entreprise du salarié

La domiciliation peut aussi influencer la décision. Le salarié peut demeurer au service de son employeur et gérer une entreprise si les locaux qu’il utilise sont situés près de l’endroit où il travaille. Le salarié peut déclarer son domicile comme adresse d’entreprise, comme il peut louer des bureaux ou passer par une société de domiciliation. Si le salarié tient à installer son entreprise à son domicile, il devra relire son bail et vérifier s’il en a le droit et si aucun règlement municipal ne l’en empêche.

Une année sabbatique pour créer une entreprise

La transparence est la meilleure politique pour le salarié qui tient à créer sa propre entreprise. Toutefois, diverses raisons peuvent l’amener à croire qu’il vaut mieux ne pas divulguer son intention à son employeur pour ne pas nuire à ses relations de travail. Il peut alors demander une année sabbatique et exercer son activité sans révéler ses objectifs. S’il a droit à ce congé, il disposera de tout son temps pendant un an pour procéder aux études de marché nécessaires et à remplir les formalités nécessaires. Il doit aussi avoir le temps de consulter des experts en finance qui l’aideront à mener à bien son projet.

Les étapes de la création d’une entreprise pour le salarié

Choisir le type d’entreprise à créer

Que ce soit pour un congé de création d’entreprise ou un congé sabbatique, le salarié aura eu le temps de déterminer le type d’entreprise qu’il veut créer, soit sa forme juridique, le capital social dont il disposera, le régime fiscal ainsi que son propre statut en tant que créateur. Il doit déterminer s’il compte agir seul ou avec des associés.

L’étude de marché pour le salarié

Le salarié en congé doit songer à une étape essentielle de la création d’une entreprise, soit l’étude de marché. Elle permet de réduire les risques et d’évaluer la faisabilité du projet. Le salarié peut se charger lui-même de l’étude ou la confier à des experts. Elle doit être effectuée environ deux mois avant le début de l’entrée en activité de l’entreprise afin qu’elle reflète bien les dernières tendances du marché.

La collecte d’informations pour créer une entreprise

Le créateur d’entreprise doit d’abord procéder à la collecte d’informations, mener une enquête dans son milieu, établir un échantillonnage auprès du public cible et analyser les statistiques recueillies. Avant d’effectuer son choix entre demeurer salarié ou devenir chef d’entreprise, il faut confirmer s’il existe bel et bien un marché pour l’activité envisagée.

Le salarié auto-entrepreneur

Le statut d’auto-entrepreneur peut convenir au salarié qui croit après réflexion qu’il vaut mieux demeurer salarié et exercer une activité complémentaire d’entrepreneur. Son statut allégé est tout indiqué pour quiconque en est à sa première expérience en entreprenariat. Il peut effectuer les démarches de création de son entreprise en ligne et remplir un seul formulaire. Les cotisations sociales correspondent simplement à un pourcentage du chiffre d’affaires, sans cotisation minimale.

Conditions à respecter en tant que salarié auto-entrepreneur

L’obtention du statut d’auto-entrepreneur et les formalités à observer sont très simples. Il faut toutefois respecter certaines conditions. Ce statut convient moins au salarié créateur d’entreprise qui voudrait embaucher un ou plusieurs salariés. Il est aussi préférable d’exercer l’activité sans associé sous ce statut. Il doit aussi s’agir d’une entreprise qui exige un investissement modeste. Plusieurs catégories de salariés sont également exclues de ce régime, entre autres les parents en congé maternité ou les personnes en congé maladie.

Le salarié et l’entreprise individuelle à responsabilité limitée

Le statut d’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL) complète le statut d’auto-entrepreneur. C’est un autre moyen destiné à limiter le risque lié à la création d’une entreprise en protégeant le patrimoine personnel du salarié et de tout autre créateur d’entreprise. Ce statut comporte des frais de fonctionnement importants mais le patrimoine créé met l’entrepreneur à l’abri des trop grandes difficultés financières. Mais il n’exige aucun capital social minimum. Divers types d’activités sont liés à ce statut d’entreprise, par exemple l’artisanat, l’exploitation agricole ou les professions libérales.

Le salarié et l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée

Dans certains cas, le salarié peut aussi choisir l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL). Elle est dirigée par un associé unique. Comme son nom l’indique, la responsabilité est limitée et implique un risque peu élevé. Sa mise en place est un peu plus complexe que pour les autres types d’entreprise.

Le salarié et l’entreprise individuelle

Le salarié à ses premières armes dans le domaine financier opte généralement pour l’entreprise individuelle. Le seul engagement financier auquel est tenu le créateur dans le cas de ce type d’entreprise est l’investissement de base nécessaire à la fondation de l’entreprise ainsi qu’un fond de roulement propre à assurer le fonctionnement de l’activité envisagée. L’entrepreneur fondant une entreprise individuelle est considéré comme travailleur indépendant. Ses cotisations sont en fonction de son bénéfice imposable.

Créer une entreprise en minimisant les risques

Une rupture de type conventionnel pour créer une entreprise

L’activité de la nouvelle entreprise ne devra pas s’exercer en concurrence avec celle de son employeur. Même si le salarié démissionne pour se consacrer entièrement à sa nouvelle occupation, son contrat de travail exige qu’elle ne nuise pas aux intérêts de son ancien employeur pour une certaine durée. Le salarié qui quitte son employeur pour diriger son entreprise doit prévoir une rupture de type conventionnel et rassurer collègues et amis afin de ménager un départ sans conflit.

Une protection sociale pour le salarié qui crée une entreprise

De plus, un régime de protection sociale est prévu pour le créateur, qui devient un travailleur non salarié. C’est dire qu’il jouira de cette protection en plus de celle offerte pour le salarié, soit le régime général de la Sécurité sociale. Certaines catégories de créateurs d’entreprise ont droit à une exonération sociale pendant les douze premiers mois d’activité. L’entrepreneur pourra toucher un régime de retraite à la fois comme salarié et comme créateur d’entreprise.

Le salarié et le portage salarial

Divers moyens existent pour la protection du salarié qui crée une entreprise. Il peut entre autres avoir recours au portage salarial, qui est un bon moyen pour diminuer les risques et l’incertitude. Sous le portage salarial, le salarié effectue des tâches et des missions occasionnelles pour le compte d’un client. Le salarié est alors appelé le porté. Il reçoit son salaire de la société de portage qu’il représente.

La société de portage héberge donc le porté le temps qu’il effectue sa mission. Comme ce type de société hésite à embaucher des salariés à long terme puisque les mandats sont souvent limités dans le temps, elles ont tout à gagner à procéder par missions, ce qui donne le temps au porté de se familiariser avec l’activité qu’il veut exercer et à établir les contacts nécessaires à la mise en place de son entreprise. Le client paie la société de portage qui prélève une commission sur la transaction. C’est une façon de tester un projet en évitant le risque de tout perdre.

Le salarié et la coopérative d’activités et d’emploi

Un autre moyen à privilégier pour le créateur d’entreprise qui veut tester un projet en limitant les risques est de recourir à la coopérative d’activités et d’emploi (CAE). Le créateur d’entreprise devient à la fois salarié et entrepreneur pour la coopérative. Il bénéficie alors d’une protection sociale comme n’importe quel salarié. Le gérant et le chargé de mission de la coopérative accompagnent le créateur d’entreprise dans le développement de son projet et le conseillent tout au long du processus de mise en marche.

Des services pour le salarié qui crée une entreprise

La coopérative offre de nombreux services à l’entrepreneur salarié. Il jouit d’un cadre juridique et d’une gestion administrative comprenant la comptabilité du projet et la gestion du versement des salaires, tout comme l’administration des obligations fiscales. Les CAE offrent des contrats aux créateurs d’entreprise dans différentes activités, notamment les services aux particuliers, l’art et l’artisanat, le bâtiment et le négoce.

Le sens de l’organisation pour le salarié créateur d’entreprise

Quelles que soient les conditions et les avantages sociaux, le salarié doit faire preuve d’un grand sens de l’organisation pour cumuler ses deux occupations, d’autant plus que la mise sur pied d’une entreprise est une activité exigeante. Il faudra à peu près deux ans au salarié pour établir son entreprise et arriver à s’y consacrer à plein temps. Pour garder sa motivation, le salarié doit accepter de consacrer le temps généralement consacré aux loisirs et aux rencontres sociales au développement de son projet. Le salarié a tout à gagner à échanger avec des chefs d’entreprise qui ont emprunté le même chemin que lui avant de concrétiser leur rêve.

Conclusion

Plusieurs salariés rêvent de devenir leur propre patron et de créer leur entreprise. Il est tout à fait possible pour un salarié de créer son entreprise. Plusieurs mesures et règlements facilitent la tâche des aspirants entrepreneurs et les employeurs sont tenus de permettre à leurs employés d’exercer une autre activité dans la mesure où celle-ci ne nuit pas à leurs intérêts. Si les conditions sont réunies, il est simple de créer une entreprise quand on est salarié.