La création d’entreprise n’est pas l’apanage exclusif des travailleurs. Cela semble peut-être paradoxal, mais il est tout à fait possible pour un chômeur de créer son entreprise. Avec un taux de chômage qui dépasse les 10% en France, de plus en plus de demandeurs d’emploi se tournent vers la création d’entreprise pour se créer un emploi. Découvrez dans ce guide les démarches à suivre pour créer son entreprise pendant la période du chômage et à quelles sortes d’aides vous pouvez prétendre pour réaliser ce projet.

Chômage : une opportunité pour devenir créateur d’entreprise

Le chômage est une période de transition professionnelle où l’on pense à tout, sauf à la création d’entreprise. Pourtant, cette période est bel et bien idéale pour se lancer. Vous vous demandez sûrement pourquoi ? Tout simplement, parce que cette période réunit des conditions et des atouts considérables.

Le temps ne vous manque pas

Le temps est une denrée rare quand on est travailleur. Or, se lancer dans un projet de création d’entreprise nécessite beaucoup de temps pour réaliser les différentes démarches. Vous pouvez donc profiter de votre chômage pour concrétiser votre rêve de devenir auto-entrepreneur. Vous ne risquez pas d’être à court de temps.

Vous continuez à percevoir vos allocations

C’est une préoccupation majeure pour les chômeurs qui envisagent de se lancer dans la création d’entreprise. Ils se demandent s’ils vont perdre leurs droits en devenant créateurs d’entreprise. La réponse est non. Un projet de création d’entreprise est considéré comme une recherche d’emploi active. Toutes les allocations auxquelles vous avez eu droit en tant que demandeur d’emploi sont conservées, et ce tout au long de votre projet.

Vous avez droit à une couverture sociale

Même si vous êtes en train de créer votre entreprise, vous conservez votre statut de demandeur d’emploi qui vous donne droit à une couverture sociale. En tant que demandeur d’emploi créateur d’entreprise, vous pouvez même demander à bénéficier d’une couverture sociale gratuite autorisée par le régime de votre nouvelle activité.

De nombreux financements disponibles

En tant que chômeur créateur d’entreprise, vous pouvez prétendre à plusieurs aides financières sous forme de capital ou de maintien des allocations. Grâce à ce financement, vous pourrez démarrer votre activité en toute tranquillité sans avoir à recourir à un emprunt.

Se faire accompagner

Que ce soit lors de la phase de conception ou de développement de votre projet de création d’entreprise, vous ne serez pas seul. Vous pouvez vous faire accompagner par des conseillers Pôle Emploi spécialisés dans la création d’entreprise. Ils vont vous fournir l’aide et l’accompagnement dont vous avez besoin pour réaliser votre projet. Pour bénéficier de cet avantage, vous devez donc commencer par informer votre conseiller Pôle Emploi de votre projet. Il va organiser un accompagnement spécifique adapté à votre cas.

Les dispositifs d’aide à la réalisation du projet

Comme il n’est jamais facile de créer une entreprise que l’on soit salarié, cadre, ouvrier ou chômeur, de nombreuses aides sont disponibles pour les créateurs d’entreprise chômeurs. Ces aides peuvent prendre la forme de conseils et d’accompagnement pendant la phase de création, de renforcement de compétences en cours d’activité ou d’aides financières.

Les ateliers

Dès l’instant où vous avisez Pôle Emploi de votre projet de création d’entreprise, vous pouvez bénéficier d’un accompagnement à chaque étape de votre projet. L’un de ces dispositifs d’aide est les ateliers. Pôle Emploi propose deux types d’ateliers dont le but est de vous faire bénéficier de conseils de professionnels lors de la mise en place de votre projet. Ils s’étalent sur une durée de 4 heures.

Le premier atelier qui s’intitule « Créer son entreprise, pourquoi pas ? » porte sur l’idée de création d’entreprise. A travers lui, vous pourrez mieux connaître les objectifs et les éventuels obstacles de la création d’entreprise.

Le second atelier porte le nom de « Organiser son projet de création ou de reprise d’entreprise ». Il vous aide à structurer votre projet en identifiant les étapes incontournables, les ressources nécessaires, etc.

Outre ces ateliers, Pôle Emploi met également à votre disposition des documents d’information.

L’Objectif Projet Création ou Reprise d’Entreprise (OPCRE)

L’OPCRE est une prestation de conseil individualisée qui vise à vous accompagner lors de la formalisation et de l’évaluation de votre projet de création d’entreprise. Assuré par des prestataires qualifiés sélectionnés par Pôle Emploi, cet accompagnement s’articule autour de 10 entretiens répartis sur 3 mois.

Les conseils et l’expertise des professionnels sélectionnés vous permettent d’appréhender les différentes étapes de la création d’entreprise, de valider votre projet et d’élaborer un plan d’action pour la mise en œuvre de celui-ci.

Les évaluations

Toujours dans le cadre de l’accompagnement des chômeurs créateurs d’entreprise, Pôle Emploi propose deux types d’évaluations : l’EPCE et l’EMT.

L’Evaluation Préalable à la Création d’Entreprise (EPCE) est une évaluation qui a pour but de vous permettre de faire le point sur la faisabilité de votre projet, d’en déterminer les points forts et les points faibles et de dresser un plan d’action grâce à un regard extérieur. Elle est réalisée par un prestataire privé qui intervient au démarrage de votre projet de création d’entreprise, avant l’immatriculation de la société. L’EPCE s’étale sur trois à quatre semaines et s’articule autour de 6 entretiens.

L’Evaluation en Milieu de Travail (EMT) est une évaluation qui se déroule au sein d’une entreprise. D’une durée de 80 heures, elle vous permet de valider votre projet en découvrant les conditions d’exercice d’un métier. Ce programme nécessite un contrat entre le demandeur d’emploi créateur d’entreprise, Pôle Emploi et l’entreprise.

Le dispositif NACRE

Le NACRE ou Nouvel accompagnement pour la création ou la reprise d’entreprise est à la fois un dispositif d’accompagnement et de financement à destination des créateurs d’entreprise dont les chômeurs créateurs d’entreprise. Ce dispositif fournit une aide qui commence dès le montage de votre projet jusqu’à 3 ans après la création de l’entreprise. Il comprend une aide au montage, une aide à la structuration financière et un accompagnement du démarrage et du développement de l’entreprise.

Grâce à ce dispositif piloté par le Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, vous pourrez bénéficier d’un appui technique lors du montage de votre projet et du développement de votre nouvelle entreprise ainsi que d’un accompagnement dans les recherches de financement. L’organisme qui réalise l’accompagnement conclut avec vous un contrat d’accompagnement.

Le CAPE

Le CAPE ou Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise est un dispositif d’accompagnement qui vous permet d’être épaulé par une société ou une association pendant la phase de montage de votre projet de création d’entreprise et éventuellement au début de votre nouvelle activité.

Durant le contrat, la société ou l’association s’engage à mettre à votre disposition des moyens techniques et matériels indispensables à la mise en place de votre projet. La durée de celui-ci est de 12 mois, renouvelable deux fois. A noter que le Cape n’est pas un contrat de travail. Même en bénéficiant de cette aide, vous continuez à percevoir vos allocations de chômage en partie ou en totalité.

Les aides au renforcement des compétences

Si vous le souhaitez, vous pouvez également bénéficier d’aides variées pour développer vos compétences en création d’entreprise lorsque vous êtes au chômage. On distingue deux formes d’aides : celles proposées par Pôle Emploi et celles qui sont dispensées par d’autres organismes.

Les aides à la formation de Pôle Emploi

Pôle Emploi vous propose deux types d’aides au développement des compétences en création d’entreprise si vous êtes inscrit en tant que demandeur d’emploi.

On distingue en premier lieu l’Action de Formation Conventionnée (AFC). Elle s’adresse aux demandeurs d’emploi ayant besoin de développer leurs compétences. Elle aboutit à une certification, à une adaptation ou à une pré-qualification. Ce dispositif s’opère au niveau régional dans la limite de l’enveloppe budgétaire disponible.

En second lieu, on distingue l’aide individuelle à la formation (AIF). C’est une aide financière qui permet aux demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi de suivre un stage de préparation pour exercer une activité artisanale en vue d’une inscription au répertoire des métiers. Son montant est au plus égal à celui des frais pédagogiques du stage.

Les aides proposées par les autres organismes

Certains organismes de formation ou d’appui à la création d’entreprise proposent également aux demandeurs d’emploi des formations spécifiques sur le thème de la création ou de la reprise d’entreprise. Elles sont financées soit par Pôle Emploi, soit par les collectivités.

Les aides financières

Les aides au financement proposées par Pôle Emploi

Les chômeurs qui souhaitent créer leur propre entreprise peuvent bénéficier de trois types d’aides financières de la part de Pôle Emploi :

  • L’ARCE ou Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise

Sous certaines conditions, les demandeurs d’emploi indemnisés qui décident de créer une entreprise peuvent bénéficier de la part de Pôle Emploi de l’ARCE. Cette aide se présente sous forme de capital représentant 50% du reste des allocations d’assurance chômage dues par Pôle-Emploi au demandeur d’emploi. Elle est versée en deux fois : la moitié au début de l’activité et l’autre moitié 6 mois plus tard. Si l’ARCE présente l’avantage de vous fournir un capital immédiat pour démarrer votre activité, elle vous oblige à faire une croix sur le reste de vos droits.

Pour bénéficier de l’ARCE, vous devez avoir obtenu l’aide au chômeur créant ou reprenant une entreprise (ACCRE). A noter que cette aide n’est pas cumulable avec l’aide différentielle de reclassement et le maintien de l’ARE.

  • Le cumul de l’ARE

Si vous êtes bénéficiaire de l’Aide au retour à l’emploi (ARE) et que vous décidez de créer une entreprise, vous pouvez sous certaines conditions continuer à la percevoir en même temps que vous percevez les revenus de votre nouvelle entreprise, et ce pendant une période de 24 mois. La rémunération fournie par la nouvelle activité ne doit cependant pas dépasser 100% du salaire sur lequel a été calculée l’ARE. Attention, si vous avez choisi de bénéficier de l’ARCE, vous ne pouvez plus prétendre au maintien de l’ARE.

  • Maintien de l’Allocation de Solidarité Spécifique

Si vous êtes bénéficiaire de l’ASS ou Allocation de Solidarité Spécifique à la place de l’ARE, vous pouvez également continuer, sous certaines conditions, à la percevoir en totalité pendant 3 mois. Puis, pendant les 9 mois qui suivent, vous percevrez le solde obtenu par la soustraction de vos revenus mensuels sur votre ASS. Vous gagnerez également 150€ de prime par mois en sus.

Les autres aides

  • Le dispositif ACCRE (Aide aux Chômeurs, Créateurs, Repreneurs d’Entreprise) :

Ce dispositif permet aux chômeurs créateurs d’entreprise de bénéficier d’une exonération de cotisations sociales pendant 1 an à compter du début d’activité de l’entreprise. Sont concernées les cotisations patronales et salariales. Attention, cette aide est limitée à 120% du SMIC. Les rémunérations qui dépassent ce seuil seront assujetties aux cotisations.

L’ACCRE est aussi un dispositif d’accompagnement qui permet au chômeur créateur d’entreprise de bénéficier de l’aide proposée par le dispositif NACRE.

  • Le dispositif NACRE ou Nouvel Accompagnement pour la création ou la reprise d’entreprise

Ce dispositif n’est pas qu’un accompagnement. Il s’agit aussi d’une aide financière qui se présente sous forme de prêt pouvant aller jusqu’à 10 000€ avec un taux d’intérêt de 0%. Pour pouvoir y prétendre, vous devez être inscrit comme demandeur d’emploi au moins depuis 6 mois.

  • L’aide ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique

L’ADIE est un financement qui existe depuis 1989. Elle permet aux personnes qui ont perdu leur emploi d’obtenir un financement jusqu’à 11 000€ pour lancer leur propre activité. Plusieurs critères sont pris en compte lors de l’octroi de cette aide à savoir la qualité du projet, la motivation du demandeur et ses compétences. L’appui ADIE se présente sous forme de microcrédit en ligne allant de 500 à 6 000€ à chaque versement.

Les prêts bancaires

Ce n’est pas parce que vous êtes au chômage que les banques vont refuser de vous aider à tous les coups. Il faut dire que la négociation est un peu plus complexe. Mais, armez-vous de patience et de détermination pour persuader votre banquier. N’hésitez pas à améliorer la qualité de votre dossier en apportant des garanties comme un terrain, un appartement, une voiture ou d’autres objets de valeur que vous possédez. Pendant vos entretiens, soyez convaincant et sûr de vous.

Sachez toutefois que les banques ne financeront que 70% de votre projet. Cela veut dire que le reste sera à votre charge. Puisez dans vos économies ou demandez à votre entourage pour compléter les 30%.