Le mot intrapreneur est un néologisme, qui mélange, à la fois, une notion relative à l’entrepreneuriat, et une relative à l’appartenance. « Intra », en latin, se traduisant par « Dans » en français. Ce concept n’est pas très récent, mais particulièrement à la mode depuis quelques années, cette notion managériale, a été adoptée par de grandes entreprises.
Définition
C’est à la sortie de son livre Why you don’t have to leave the corporation to become an entrepreneur, que l’américain Gifford Pinchot définit le concept d’intrapreneuriat en 1985.
Il explique, dans ce livre, comment il est possible d’innover dans la recherche de la créativité en entreprise grâce à l’intraprenariat.
L’intrapreneur, est un salarié d’une entreprise, qui propose une idée à sa direction, et qui, si cette idée est innovante et porteuse, se verra confier la responsabilité de sa réalisation.
L’intrapreneur est donc une sorte d’entrepreneur volontaire et salarié, dont l’idée d’une nouvelle activité, d’un nouveau produit, ou d’un nouveau service est validée par sa hiérarchie. La mise en place des différentes étapes devant conduire à la mise en production, ou à la réalisation de l’idée, sont confiées au salarié, ou au groupe de salariés, qui en est à l’origine.
Il y a donc plusieurs conditions pour qu’une personne soit reconnue comme étant un intrapreneur :
- Cette personne doit être salariée d’une entreprise
- Cette personne doit être à l’origine d’une idée innovante
- Cette personne soumet cette idée à sa direction qui doit valider cette idée
- L’administratif de l’entreprise, confit la réalisation de cette idée à la personne qui en est à l’origine
- Pendant qu’il œuvre à mettre en place cette idée, le salarié conserve son statut au sein de la société
- Cette idée amène, une fois menée à son terme, soit à une nouvelle activité interne à l’entreprise, soit à une nouvelle branche de cette entreprise.
Etre intrapreneur, c’est donc être une sorte de chef d’entreprise, au sein de celle de son employeur. Le salarié récupère ainsi une partie du leadership, et la masse salariale représente dans cette notion un incubateur d’innovateurs au service de la créativité de l’entreprise.
C’est une source gratuite de créativité
Plusieurs grands groupes ont mis en place ce concept au sein de leurs entreprises, car il est indéniable que celui-ci présente un nombre important d’avantages, que cela soit pour l’employeur, ou pour les salariés.
Pour l’employeur, l’avantage qui saute en premier en yeux, est celui des coûts en recherche et développement. Car, pour qu’une entreprise ait des idées, il faut généralement avoir un service pour cela. Payer les employés de ce département tout au long de l’année, sans avoir de certitude quant à la fréquence de sortie d’idées réellement créatives, innovantes et réalisables.
Adopter l’intrapreneuriat, c’est un peu comme si vous transformiez tous vos employés en service recherche et développement, puisque vous permettez grâce à cette notion que tout un chacun puisse proposer ses idées.
En multipliant le nombre de potentiels créatifs, vous multipliez aussi statistiquement le nombre d’idées qui germeront. Quand bien même ces salariés n’ont pas forcément reçu de formation spécifique pour développer et exprimer leur créativité, ils possèdent un autre avantage qui peut permettre de rivaliser.
Cet avantage c’est que les idées qui seront proposées, le seront par des personnes qui sont au contact permanent de la réalité du travail de l’entreprise.
Ces salariés connaissent et pratiquent quotidiennement une tâche spécifique, et ont donc plus de légitimité à proposer une idée s’y rapportant. C’est-à-dire qu’un salarié travaillant au service après-vente d’un fabricant est par exemple plus à même de pouvoir identifier, grâce au retour client, les points de faiblesse d’un produit, et de proposer un nouveau produit conçu différemment pour en améliorer la qualité.
Dans l’intrapreneuriat, l’employeur autorise l’employé à réaliser son idée, mais le salarié le restant, il n’y a pas réellement de gros coûts à supporter. L’idée est donc gratuite, au contraire d’un service R&D ou d’une agence externe à la société, la concrétisation de l’idée est elle aussi menée par le salarié qui l’a initiée, sans création de poste, sans intervenant extérieur.
Donc en plus de disposer d’un réservoir de créativité gratuite, l’entreprise réduit les coûts inhérents à la bonne conduite des étapes menant à la réalisation d’un nouveau projet.
C’est une source de motivation
Si l’on se place du point de vue de l’employé d’une entreprise qui pratique un tel système, le bénéfice est plutôt basé sur la reconnaissance. L’intrapreneuriat sous-entend assez fortement que l’employeur reconnait une certaine qualification à ses employés, autre que celle pour laquelle ils ont été intégrés à la structure.
C’est une confiance que témoigne l’administratif à l’ensemble de ses salariés, lorsqu’il intègre cette méthode de création à son processus de travail. Et les employés ne peuvent qu’être heureux de cette décision tant ce témoignage de confiance est important.
Mais la motivation des travailleurs ne s’arrête pas simplement au fait qu’ils aient le droit de soumettre des idées. Car celui qui en soumettrait une, qui serait retenue par la direction, qui lui confierait donc la réalisation de cette innovation, cet employé-là, même s’il conserverait son statut de salarié, deviendrait un intrapreneur, il bypasserait, les normes établies pour gagner une part de leadership importante, et accéderait à de nouvelles responsabilités.
L’accès de ces potentielles nouvelles responsabilités et donc aussi une part très importante de la motivation.
La motivation s’exprime aussi par le fait, que même si le salarié gardera son statut, lors de la mise en place du nouveau concept, il y a tout de même de très fortes chances qu’il en soit remercié ensuite. Ce remerciement pourra prendre la forme d’une prime, ou bien d’une évolution de poste. Il est d’ailleurs très courant qu’une fois la nouvelle branche ou nouvelle activité opérationnelle, le salarié, ou le groupe de salariés en étant à l’origine en prennent la direction.
C’est donc une possibilité d’évolution qui ne serait surement pas possible dans un système plus classique.
Les entreprises qui adoptent et mettent en place le principe d’intrapreneurs ont très bien compris l’intérêt que pouvait revêtir cette motivation de la masse salariale.
C’est une technique de management
Cette motivation des salariés peut être vue comme une aubaine managériale, il est en effet assez difficile, en entreprise, de créer et de maintenir un climat propice au bien-être des salariés.
Comme vu plus avant, l’intrapreneuriat est une source de motivation pour les salariés pour toutes les raisons qui ont été évoquées. Et si certaines entreprises mettent en place l’intrapreneuriat comme une réelle solution à la recherche d’innovations, d’autres ne le font que pour profiter des retombées sur le moral de leurs salariés.
Car, cela ne coute quasiment rien à mettre en place, et donnera une grande impression de valorisation aux employés. C’est donc bel et bien une bonne approche pour booster la motivation de ses collaborateurs.
Différentes études ont prouvé, à plusieurs reprises, qu’un salarié valorisé et qui a une impression de reconnaissance, sera plus motivé. Un salarié motivé, c’est un salarié bien plus productif. Et bien entendu, un salarié plus productif, c’est un salarié plus rentable.
C’est un nouveau moyen d’innovation
Les différentes crises financières, la délocalisation de la production entrainant une guerre des prix, la mondialisation du commerce qui amène la quasi-totalité des produits et des services à être accessibles à tout le monde, ont rendu les marchés extrêmement concurrentiels.
Un moyen efficace de pouvoir tirer son épingle du jeu face à cette concurrence est bien entendu l’innovation. L’incertitude de l’évolution du chiffre peut être brisée par une innovation qui s’impose sur le marché. Un peu à la manière des start up, tout le monde peut proposer une idée dans le système de l’intrapreneuriat, c’est l’exacte contraire de l’open innovation, qui elle va chercher les idées novatrices à l’extérieur de l’entreprise.
Multiplier les idées, par le nombre de salariés, fera forcément naître de nouveaux projets d’innovation, c’est un peu comme si vous organisiez un brainstorming géant et perpétuel au sein de votre société. A ceci près qu’en plus d’avoir des idées, vos salariés continuent de travailler sur leur mission première.
Et si cela doit remettre un peu en cause le business model ou transformer la stratégie organisationnelle, certains ont jugés, que le jeu en valait suffisamment la chandelle si l’on met bout à bout tous les avantages de l’intrapreneuriat, avec en tout premier lieu, cette nouvelle façon de générer de l’innovation.
Ce serait une prise de risque trop importante de ne confier le processus créatif menant à l’innovation qu’uniquement aux salariés. C’est pourquoi la plupart des entreprises qui offrent à leurs employés l’opportunité de pouvoir devenir intrapreneurs, conservent tout de même un service dédié à l’innovation.
C’est une façon de créer l’innovation de rupture
L’innovation de rupture qui est une innovation, qui va permettre de remplacer la technologie dominante d’un marché, que cela concerne un bien, ou un service, va être bien plus facilement atteinte, en utilisant le potentiel créatif de l’ensemble de ses employés.
En effet, une entreprise, a une certaine inertie dans sa réflexion, du fait qu’elle ne travaille que sur certains axes, de réflexion ou technologiques, et que ce travail ne soit exécuté que par des personnes spécialisées dans ces domaines. Un salarié, qui n’avait, jusqu’à présent, aucune participation au processus de conception, peut très bien avoir une idée complétement en rupture avec ce que l’entreprise a l’habitude de faire, et créer ainsi une véritable innovation de rupture.
Ce que cela veut dire, c’est qu’un mécanicien (par exemple), réfléchira en mécanicien, en imaginant des innovations basées sur ces connaissances. Peut-être alors qu’une idée qui germera dans l’esprit d’un électronicien, pourrait totalement révolutionner un produit qui n’était à l’origine que mécanique. Ceci pouvant permettre d’atteindre une position dominante sur le marché qu’occupe l’entreprise.
C’est une un système gagnant / gagnant
Comme vu, les employés sont plus heureux de travailler dans ce système qui leur permet de faire entendre leur voix et leurs idées, l’entreprise gagne de l’argent, ou en économise, même si aucune innovation ne vient à être découverte. Juste par le fait que les employés soient plus motivés, la productivité augmente. Il s’agit donc bien d’un système gagnant / gagnant, où tous les acteurs peuvent percevoir et profiter des bénéfices de cette méthode.
Dans l’intrapreneuriat, l’entreprise témoigne une plus grande confiance envers ses employés en leur permettant de participer à l’innovation, et les employés démontrent un plus grand attachement à leur direction.
C’est un moyen d’empêcher la fuite de compétences
Dans un système classique, un salarié qui aurait une idée, sait qu’il aura du mal à la faire entendre, et que quand bien même il y parviendrait, il ne serait pas attaché à la réalisation de cette idée, et qu’il n’en percevrait pas les fruits.
Dans ce système traditionnel, quels sont alors les choix qui s’offrent à un salarié qui aurait une telle idée ? Une idée innovante, réalisable et rentable ? Soit ce salarié peut essayer d’aller se vendre à la concurrence, soit il peut développer lui-même cette idée en devenant entrepreneur.
Dans ce système, si ce cas de figure se produit c’est une réelle perte pour l’entreprise qui voit s’envoler l’innovation, et gagne un concurrent plus fort, ou un nouveau concurrent.
Avec l’entrepreneuriat, ce risque n’est pas inexistant, mais il est cependant bien plus faible, car la personne qui sera détentrice d’un concept innovant, sait qu’elle en sera remerciée, et qu’elle pourra participer à la mise en place de son idée, voir même, à terme, récupérer le management de la nouvelle branche qui en résultera.
C’est une juste manière de récompenser l’implication des salariés, en leur fournissant en paiement de leur créativité, des opportunités d’évolution, qui n’auraient absolument pas été possible, soit dans un système traditionnel de compartimentage des attributions, ou grâce aux compétences reconnues par les diplômes de l’employé.
Pour conclure notez que ce système est certainement plus humain et moins indexé sur les différents niveaux d’étude de ses collaborateurs. Il est forcément bénéfique à la bonne marche d’une entreprise, que cela soit en terme d’innovation, ou de climat interne. De nombreuses firmes, ont déjà mis en place l’intrapreneuriat, et son actuelle actualité démontre certainement son intérêt.
Entrepreneur, investisseur immobilier et passionné de liberté financière, j’ai accompagné des milliers de personnes à réussir sur internet au travers de formations en ligne, guides et coaching personnalisés.